Parmi les historiens latins postérieurs s'étant prononcés sur le trajet d'Hannibal pour accéder en terre latine, nous savons que Lucius Coelius Antipater prônait un passage de l'armée punique par un col septentrional, un col des Alpes Pennines donnant sur la vallée d'Aoste, ce qui réduit la recherche au col du Petit Saint-Bernard seul praticable à cette époque.
Ensuite certains commentateurs invoquent à l'appui de leurs thèses un texte de Marcus Terrentius Varro, Varron, relatif au passage en sens contraire de Pompée, assignant à Hannibal un passage par un col très méridional, ce qui exclut le col de Montgenèvre.
Cornélius Népos, à son tour, se déclare partisan d'un passage par un col septentrional et on retombe alors et à nouveau sur le col du Petit Saint-Bernard.
En clair cela revient à diagnostiquer, que Polybe, en dépit de ses affirmations de visites sur place, ne savait rien.
A cette contradiction s'en ajoutent beaucoup d'autres:
Polybe a remonté très haut le Rhône pour retrouver le passage d'Hannibal, et il n'a trouvé aucun témoignages de celui, plus récent de dix années de celui d'Hasdrubal Barca conduisant une armée deux fois plus importantes,
Polybe avance des témoignages sans indiquer ses sources ni la teneur des renseignements obtenus.
A l'inverse il passe sous silence le témoignage du seul témoin direct ayant conversé sur le sujet avec Hannibal, Lucius Cincius Alimentus dont il reconnaît par ailleurs dans les autres parties de son ouvrage, la valeur de ses écrits,
Il fustige les historiens précédents relatant une ascension dans des conditions de reliefs terribles au motif que les Alpes sont très praticables et il nous rapporte des incidents, deux embuscades, dans des sites très difficiles d'accès,
Il décrit une progression ascensionnelle avec des vallées fermées et des précipices qui ne peuvent correspondre au terrain facile qu'il assigne à Hannibal avec son entrée de montagnes très haut sur le cours du Rhône.
La seule indication topographique fournie serait relative à un rocher blanc ayant un rapport avec Hannibal lors d'une ultime embuscade avant d'atteindre le col de passage.
Bien plus, Hannibal serait arrivé directement chez les Insubres, peuplade du Milanais, lesquels ne sont pas au pied des Alpes, et aurait fait marche arrière pour essayer de convaincre les Taurini peuplade de Turin, eux, au pied des Alpes, et de s'allier avec lui contre les Romains.
C'est prés de 70 années plus tard qu'un général grec de la ligue Achéenne, otage à Rome, décrivit dans un ouvrage sur la république romaine destiné à ses compatriotes l'épopée carthaginoise en milieu Alpin. Cet historien, nommé Polybe réfute tous les récits de ces prédécesseurs (qu'il ne nomme pas), récits décrivant une ascension dans des montagnes escarpées ainsi que désertes par des chemins impraticables, réfutation au motif qu'il est allé voir sur place, qu'il a recueilli des témoignages et que la réalité alpestre est bien différente caractérisée par une facilité d'accés.
Il est évident que cet auteur a repris plus ou moins des textes des accompagnateurs de l'armée d'Hannibal et qu il les a incorporé dans sa narration en les élaguant pour les rendre plus clair pour le public grec.
L'itinéraire qu'il propose implique une remontée très haute du Rhône, chez la peuplade en occupant les rives, les Allobroges, bien après la confluence de ce fleuve avec l'Isère pour pénétrer dans les montagnes et par voie de conséquence cet auteur pronostique un passage en Italie par un col septentrional, vraisemblablement selon son estimation, celui du Petit Saint-Bernard.
Tout cela pour dire que cet écrivain de Megalopolis, ne fournit, sur le périple d'Hannibal, aucune précision de nature topographique, sur l'entrée dans les Alpes, sur les lieux de passage dans ce massif et sur les lieux de sortie pour descendre en Italie.
Les documents et les auteurs
Parmi les contemporains d'Hannibal, les seuls auteurs sérieux d'entre les Annalistes romains, seuls Fabius Pictor et Lucius Cincius Alimentus auraient été en mesure de fournir des explications sur cette traversée des Alpes, épisode interne connu de ceux qui avaient approché Hannibal à titre d'accompagnateur ou autre. En l'occurrence il s'avère que le choix se restreint au seul Lucius Cincius Alimentus, lequel avait été fait prisonnier par Hannibal et qui, bénéficiant d'un traitement de faveur avait conversé avec le chef punique.
Devant toutes ces interrogations et éléments à prendre en compte nous disposons des documents, dans la mesure où ils n'ont pas été perdus, d'historiens grecs ou romains.